La distance juste thérapeute-patient

L’histoire de Salomé
Hugh donne des cours de sensibilisation à la connaissance de la pensée à une classe de mastère.
Salomé, une des étudiantes, lui demande de faire un travail thérapeutique avec lui.
Un premier problème se pose : cette jeune femme a déjà travaillé avec deux thérapeutes du système officiel de son pays ; chaque fois cela s’est terminé par une relation sexuelle thérapeute-patiente.
Le risque est alors, pour Hugh lorsqu’il apprend ou intuite la situation, de se tenir trop à distance de Salomé, la jeune femme au pouvoir de séduction éprouvé.
Le second problème est que la jeune femme et ses amies du mastère lisent beaucoup d’articles « psy » de toutes sortes et se construisent une idée de ce qu’est la thérapie.
Au lieu de présenter spontanément leur histoire, ces jeunes femmes apportent des biais, des distorsions dues à leurs lectures et à leurs discussions.
Globalement ces jeunes femmes ont une difficulté à être en relation authentique avec elles-mêmes.
Hugh, au lieu d’avoir en face de lui une « simple » patiente en souffrance a, en face de lui, une sorte de pièce de théâtre complexe voire hyper complexe.
Le travail avec la transe présente l’avantage de pouvoir descendre « en dessous » des constructions psycho-sociales :
– en dessous du truc « moi, Salomé, je suis celle qui séduit les thérapeutes »
– en dessous du « discours à la mode » des conversations psychologisantes

Le cas de Lylie
Lylie est une belle jeune femme.
Elle consulte Hugh sur le conseil de sa cousine qui a été satisfaite du travail fait qu’elle nomme « déblocage de ma créativité artistique« .
Lylie vient pour : « déblocage de ma relation avec les hommes et déblocage de ma fécondité »
Un premier problème se pose : cette jeune femme a déjà travaillé avec deux thérapeutes du système officiel de son pays ; chaque fois cela s’est terminé par une relation sexuelle thérapeute-patient.
Eh oui ! Lylie a vécu la même chose que Salomé.
La tenue vestimentaire de Lydie – tenue de surface limitée et de transparence notable – est une caractéristique des premières séances.
Le risque est alors, pour le nouveau praticien, qu’il se tienne trop à distance de la jeune femme – même problème que pour Salomé.
Alors Hugh laisse advenir ce que l’on nomme « transe conversationnelle ».
Contrairement à la transe ritualisée on n’écoute ni du tambour, ni des mantras.
Alors Lylie fait l’expérience d’une autre manière de dialoguer avec un homme.
Une manière où les enjeux de séduction disparaissent.
Une manière où l’on peut rire, sortir de son rôle  » je suis une jeune femme séduisante » pour aller à l’essentiel  » je dois retrouver ma vérité d’avant, ma vérité de petit enfant pour pouvoir devenir mère d’un petit enfant. »
Et effectivement, un moment clé de la thérapie se produit quand Lylie quitte sa dynamique de séductrice pour une dynamique « je suis une petite fille, j’ai envie d’être dans vos bras !« .
Autant Hugh ne pouvait pas prendre dans ses bras la femme séduisante, autant il n’a aucun problème à prendre dans ses bras la petite fille – même si c’est le même être humain avec la même « tenue vestimentaire de surface limitée et de transparence notable« .
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On voit ici un exemple de difficulté à rapporter un cas clinique pour en faire un objet de recherche.
A toutes les époques, de diverses manières, la pruderie et la pudibonderie se portent bien ! Même et surtout si les écrans sont pleins d’indécence !!!
Alors rapporter de vrais cas, dans un congrès, par exemple, n’est pas facile.
Rapporter ici, de manière « romanesque », est possible.
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Lylie arrive à nouer une relation avec un homme et ils font un enfant.
Mais, à chaque phase de la vie de présente un défi nouveau.
Chaque phase de la vie de Lylie nécessite une réinterrogation de là où elle est et de ce qu’elle sait y faire, de ses empêchements.
Lylie doit encore « travailler ».